- A. Martins
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Je n'avais pas encore mes enfants, je n'avais pas encore de cheveux blancs, ni suffisamment d’assurance en moi. Toute mon énergie était canalisée vers ma fac d'histoire et mon chéri.
Mais je me souviens très bien du moment où Bérénice m'a demandée, pour la première fois, de raconter son histoire - aujourd'hui, quand un auteur dit qu’il entend ses personnages, je le crois sans doute - à moment-là, je vus une petite fille qui avait de l’aplomb, était vêtue d’habits de bergère, vivait à l’époque de la Rome antique et qui me regardait de la ... Cappadoce.
Et comme ça, avec tous ces détails, je restai quelques jours intriguée par cette image et finis par lâcher prise.
Néanmoins, Bérénice continua à me quémander encore et encore. "Viens", me dit-elle, "je vais te parler d'une rencontre inattendue qui a changé ma vie". Cette fois-ci, la bergère était accompagnée d’un vieil homme qui avait un regard très profond. Tous deux semblaient déterminés et je n'eus d'autre choix que d'écouter leur histoire. C’est ainsi que j’aie commencé à écrire le premier chapitre de « Bérénice de Cappadoce: la jourée du non-héros ».
Ensuite vint mon mariage, la remise de diplôme, les enfants, le changement de pays, le retour au Brésil et tant d'autres choses qui nous absorbent jour après jour, jusqu'à l’accumulation d’années. Mais pendant toutes ces années, Bérénice était là, en arrière-plan, vieillissant avec moi.
Il y a deux ans, nous décidâmes de rentrer définitivement en France. Je quitte mon travail et prend la décision claire et nette : c’est le moment d'écrire, d'écouter ce que Berenice avait à me dire et de partager son histoire avec quiconque voudrait l'entendre.
Ce furent, au moins, quinze ans d'attente mais qui furent, je le vois aujourd’hui, fondamentaux pour que je comprenne mieux où j'allais. Je voulais que le lecteur puisse voyager dans la Rome Antique, dans ce pays étonnant et énigmatique qu'est la Cappadoce. Et je voulais, qu'au cours de ce voyage, chacun découvre finalement sa propre histoire car - comme la plupart des personnes anonymes que nous sommes vous, moi et tant d'autres - Bérénice n'est pas une héroïne. Rien dans son monde n'est magique et elle ne reçut aucun appel à l'héroïsme.
Mais à sa manière, par les choix qu’elle fît et faisant face à toutes les difficultés, elle eut une vie extraordinaire. Et croyez-moi, nous tous avons une vie remarquable.